BRAISE BLANCHE (ou la mémoire d’un hiver enseveli)
Avec Braise Blanche j’ai pris à bras le corps le destin tragique des femmes plutôt que la légèreté et l’hystérie qui ont si souvent servi à les cataloguées. Dans ma légèreté de corps de femme, j’ai voulu retrouver ce poids, me charger d’un certain fardeau pour livrer une œuvre forte.
En dansant la pièce, j’étais tour à tour enfant, adolescente, adulte, fantôme, vague, temps qui coule, lame tranchante, bateau en dérive, femme seule d’abandon, arbre en état de combustion, sourcière, vache de nuit, transparence, feu-flamme, cendre-poussière, arbre qui pleure, personne ne se débarrassant de ses démons.
En évoquant la mémoire de ces 14 jeunes femmes tuées à l’École Polytechnique le 6 décembre 1989, ce qui m’a bousculée, c’est l’urgence d’ouvrir une voie, ma voix, et la laisser dire en me regardant faire.
Chose surprenante, le corps ne s’est jamais vraiment rebellé ; il comprenait ce que nous attendions de lui. Je ne l’ai pas adulé pour autant, c’était dans l’ordre des choses, des miennes en particulier. Je crois que c’est un très beau cadeau que je me suis fait, car j’ai eu avec Braise Blanche le sentiment de toucher à l’indescriptible.
Louise Bédard
CRÉDITS
Année de création : 1990
Durée : 55 minutes
Une coproduction de Louise Bédard Danse et du Centre National des Arts Centre à Ottawa
Chorégraphie et interprétation : Louise Bédard
Film d’animation : Pierre Hébert
Musique originale : Robert Marcel Lepage
Scénographie et costume : Marc-André Coulombe
Maquillage : Angelo Barsetti
Lumières : Jean-Philippe Trépanier
Photographie : Robert Etchevery et Yves Dubé
EXTRAITS DE LA REVUE DE PRESSE
Braise Blanche de Louise Bédard, en collaboration avec le musicien Robert M.Lepage et le cinéaste d’animation Pierre Hébert, est une puissante évocation de la psyché des hommes et des femmes, de la violence et de la peur qui les habitent, dansée en solo par une chorégraphe-interprète de tout premier plan, Louise Bédard.
Ballet international, Montréal - 1994